En 2020, la Suisse comme toute l’Europe est touchée par des attaques de bancomats. A l’automne, les auteurs sévissent en série avec un même mode opératoire : faire exploser le coffre-fort.
Un bruit sec et violent retentit en pleine nuit, venant perturber le sommeil des habitants du paisible village d’Utzenstorf dans la campagne bernoise. Deuxième coup, troisième coup. De la fumée s’échappe du bâtiment de la gare. Trois explosions successives. La cible ? Un bancomat. Pulvérisé, il vient d’être dévalisé par des hommes cagoulés, habillés en noir. En moins de 10 minutes, les individus se sont servis d’un magot d’une valeur de plusieurs centaines de milliers de francs suisses et ont pris la fuite… en scooter.
Quelques jours plus tard, le même scénario se déroule à Büren an der Aare, dans le canton de Berne. Un bancomat en fumée, des hommes, un scooter. Avant il y a encore eu Roggwil, Cologny, Perly, Arni, Satigny, Vicosoprano, Rothrist, tous des bancomats attaqués, mais avec des modes opératoires un peu différents. Parmi les 22 attaques à l’explosif perpétrées en 2020, certaines porteraient-elles la signature des mêmes auteurs ?
Pour fedpol, en charge des investigations ordonnées par le MPC, chaque indice compte. Point commun de ces attaques: l’utilisation d’explosifs. De la poudre noire conventionnelle, des dispositifs explosifs non-conventionnels, du TNT (trinitrotoluène) ou même du TATP (triperoxyde de triacétone) sont à l’origine des explosions. Des informations que confirme le FOR (Institut forensique) de Zurich, partenaire primordial de fedpol.
Le mode opératoire du crime détermine à quelle autorité revient la compétence d’enquêter. Si un bancomat est forcé à l’aide d’outils, comme des meuleuses d'angle, des écarteurs hydrauliques ou encore des outils à levier, la police cantonale enquêtes sous la conduite du Ministère public cantonal. Sur mandat du Ministère public de la Confédération, fedpol se charge des cas liés à des explosifs lorsque le bancomat est soufflé par une explosion : avec des substances explosibles artisanales telles que le TATP, de la poudre noire conventionnelle, des dispositifs explosifs non-conventionnels ou du TNT. Chaque explosion qui se produit provoque généralement de graves dommages matériels et peut mettre des personnes en danger. Les charges qui n’ont pas explosé sont particulièrement dangereuses.
Depuis 2019, toute l’Europe est touchée par ce phénomène : Pays-Bas, Allemagne, Italie, Autriche, France, Roumanie, Espagne. fedpol a pu identifier plusieurs bandes organisées qui se partagent ce terrain de jeu lucratif. L’origine des auteurs est hétérogène : Balkans, France, Roumanie, Moldavie et Afrique du Nord. Ils sévissent d’habitude par groupe de trois ou quatre et utilisent différents moyens de transport pour prendre la fuite. Souvent un détail suffit à les trahir. Comme une trace ADN. Quant aux auteurs d’Utzenstorf et de Buren an der Aare, ils sont toujours en fuite, mais certainement talonnés par fedpol…